Radio Rythme Bleu

chronique de la semaine écoulée

20 mai 2019 à 10:24

Un raz de marée, un tsunami, un tremblement de terre… La large victoire de l'Avenir en confiance et l'effondrement de Calédonie ensemble justifiaient bien ces hyperboles.

Un raz de marée, un tsunami, un tremblement de terre…
Appelez-ça comme vous voulez mais ce sont les premiers qualificatifs qui sont venus aux commentateurs à l'annonce, dimanche soir, des résultats des provinciales du 12 mai.

La large victoire de l'Avenir en confiance, qui rafle 20 sièges sur 40 à la province Sud, et l'effondrement de Calédonie ensemble, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même avec 9 sièges sur 40 à la province et seulement 7 au Congrès, justifiaient bien ces hyperboles.
D'autant que personne – ou presque – n'avait vu venir l'ampleur du phénomène. La plupart des observateurs prédisaient une victoire de la liste conduite par Sonia Backès mais ils n'avaient pas prévu un tel recul du parti de Philippe Gomès, qui disparaît même de la Province Nord.

En principe, face à un tel résultat, on s'incline et on félicite le vainqueur. C'est la règle en démocratie.
Mais Philippe Gomès, lui, fait dans le déni. Il nous y a habitués et, depuis dimanche, il s'évertue à expliquer que l'Avenir en confiance n'a pas gagné et que lui, n'a pas perdu.
C'est très simple à l'entendre.
Les deux listes de 2014, qui se sont rassemblées sous l'étiquette de l'Avenir en confiance, avait rassemblé 38% des voix et aujourd'hui, elles en rassemblent 41%. C'est seulement 3% de plus dit-il. Et, à l'en croire, Calédonie ensemble n'a pas perdu. Elle a seulement été pénalisée par les "petites listes". CQFD.

Sauf que l'explication ne tient pas et que ce n'est pas à 2009 ou à 2014 qu'il faut se référer mais bien plutôt à 2004 pour l'impact psychologique de la déroute. Et on se souvient qu'à l'époque, Calédonie ensemble s'était arrogée, sans vergogne, toutes les institutions. On ne comprend d'ailleurs pas qu'elle refuse aujourd'hui la présidence du Congrès qui lui est proposée.
Ce n'est pas rien le Congrès et sa présidence donne lieu, presque chaque année, à une bataille homérique entre les partisans du maintien dans la France. A tel point que Calédonie ensemble avait préféré, en juillet dernier, l'offrir à Gaël Yanno, pour mieux en priver Thierry Santa.
La mise en place des institutions et le partage des responsabilités, ce sera la grande affaire des prochains jours et personne ne comprendrait que les partis loyalistes s'écharpent à quelques encablures du deuxième référendum.

Il serait plus sain, assurément, de s'interroger sur les raisons de la défaite. Elle tient d'une part, à une politique économique largement contestée et, d'autre part, à une ambiguïté sur l'avenir institutionnel que la captation de la poignée de mains de Jacques Lafleur et de Jean-Marie Tjibaou n'a pas dissipée.
A cela s'ajoute l'usure du pouvoir, bien sûr. Le zapping inhérent à notre époque auquel échappent encore – mais pour combien de temps ? – les indépendantistes.
Et aussi à une pratique du pouvoir, une arrogance, un mépris, des dérives qui ne passent plus et qui ont incité au changement.
Il semble toutefois que la jeune génération de Calédonie ensemble soit davantage ouverte à cette autocritique que ses aînés. On verra si elle arrive à se faire entendre.

A RRB, comment vous dire ? On respire mieux avec la défaite de ceux qui voulaient nous asphyxier. C'est une bouffée d'air, mais nous ne sommes pas encore, pour autant, complètement sortis des conséquences des sanctions que nous avons subies l'an dernier.

Et nous vient à l'esprit cette phrase de Talleyrand : "C'est quelque chose d'inexplicable que j'ai en moi qui porte malheur aux gouvernements qui me négligent."

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