Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

16 août 2022 à 00:57

"Il est essentiel de ne pas laisser croire que le dialogue politique est dans une aporie"

On efface tout et on recommence !
Après la maladresse du tweet qui annonçait le prochain comité des signataires, le ministre de l'intérieur et des outremers a retrouvé les bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves et il a repris son téléphone.
Comme le proclamaient, jadis, les PTT, "le bonheur, c'est simple comme un coup de fil !"
Entre deux incendies de forêt dramatiques, et face à une insécurité extrêmement préoccupante, Gérald Darmanin prend le temps de consulter les calédoniens. Les signataires d'abord – preuve qu'il connait son dossier – puis les chefs de groupe et différentes personnalités politiques.
Le défi à relever, mettre tout le monde autour de la table et, de l'avis général, ce n'est pas encore gagné.
Pour parfaire la formule, le ministre des outremers, Jean-François Carenco viendra lui-même sur le territoire pour écouter, pour jouer les "monsieur bons offices" et pour tenter de convaincre les récalcitrants de l'impartialité de l'Etat.

Au bout du bout, on devrait arriver, dans un premier temps, à des bilatérales qui ne diront pas leur nom.
Mais cette exigence de bilatérales, posée par les indépendantistes, c'est un faux problème. Tout le monde est d'accord pour qu'il ait d'abord des discussions, Etat et indépendantistes d'une part, Etat et loyalistes d'autre part.
Des discussions techniques, à deux, pour arrêter l'ordre du jour et se mettre d'accord sur la composition des délégations.

Mais quand on arrivera au cœur du sujet, quand il s'agira de négocier l'avenir institutionnel, ces négociations seront forcément tripartites.
C'est l'exigence, cette fois-ci, des loyalistes et, passées les postures de circonstance, cela devrait faire consensus.
Mais nous n'en sommes pas là !

Tant pis pour les impatients, mais la préparation de l'avenir institutionnel est un long chemin, pavé de multiples obstacles qui sont autant d'écueils.
Ce comité des signataires – que Gérald Darmanin tente de mettre sur pied pour le mois de septembre – devrait, en principe, être le dernier mais ce n'est pas sûr !
Peut-être faudra-t-il un peu plus de temps pour clore le processus de l'Accord de Nouméa. Deux éléments sont en effet présentés comme indispensables : la réalisation du bilan de l'Accord et, surtout, d'un audit de la décolonisation. Vous comprenez qu'avec une telle feuille de route, nous ne sommes pas au bout de nos peines.

D'autant plus que le calendrier politique calédonien vient percuter le calendrier de sortie de l'Accord. Il y a l'élection du président du Congrès, qui devrait susciter de nouvelles tensions, à la fin du mois. Il y a un gouvernement Mapou en sursis, face aux velléités persistantes de le faire tomber. Et il y a le congrès du FLNKS prévu pour le 17 septembre, un rendez-vous incontournable avant tout engagement de la mouvance indépendantiste.
Pas question de se décourager pour autant. Comme l'écrivent joliment, dans leur rapport, les sénateurs de la mission sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, "Il est essentiel de ne pas laisser croire que le dialogue politique est dans une aporie".
Une aporie ! Cela signifierait qu'il serait insoluble ou dans une totale impasse.
Ce n'est pas le cas nous disent les sénateurs. Et nous voilà rassurés !

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