Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

17 juin 2019 à 12:13

Quand on a connu Philippe Gomès en El Magnifico, on a de la peine à le prendre au sérieux déguisé en Caliméro.

Extraire 6 de 5 + 3 + 2 +1. C'est l'équation insoluble à laquelle est confrontée le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie pour élire son président.
Mais la résolution du problème n'est pas arithmétique, elle est politique.
Et pour avoir déjà été confronté à cette situation, on sait que la réponse est tout sauf évidente et qu'il faut parfois plusieurs mois pour la trouver.

Sauf que… Sauf que, cette fois-ci, c'est tellement simple qu'un enfant pourrait trouver la réponse.
Sept mois après le référendum du 4 novembre et un mois après les provinciales – deux scrutins qui ont confirmé l'existence d'une majorité en faveur du maintien dans la France – ce sont les non-indépendantistes qui doivent présider le gouvernement, d'autant plus qu'ils y sont majoritaires avec six membres sur onze et d'autant plus que les indépendantistes contrôlent déjà le Congrès.
C'est l'évidence même et elle aurait dû s'imposer.
La logique politique voulait que le membre de Calédonie ensemble apporte sa voix au candidat de l'Avenir en Confiance. Le gouvernement aurait eu un président dès jeudi et les choses étaient réglées.

Mais c'eut été trop simple !
Calédonie ensemble voulait marquer le coup. Montrer que malgré sa défaite historique, sa débâcle, son effondrement, elle gardait un poids ou – assurément – un pouvoir de nuisance. A la limite, on peut comprendre ce besoin de se manifester, de montrer que l'on existe encore, que l'on n'a pas complètement disparu. Mais on a envie de dire que là, c'est bon ! La démonstration est faite. Il est temps de passer à autre chose.

Outre ce cas de figure évident, d'une majorité non-indépendantiste qui porterait Thierry Santa à la présidence du gouvernement, il existe deux autres cas de figure qui supposeraient l'intervention des indépendantistes qui, pour l'instant, jurent qu'on ne les y prendra plus et qu'ils laisseront les loyalistes se débrouiller entre eux.
Le premier, c'est que les membres FLNKS ou – au moins – les membres UC, votent pour Thierry Santa, candidat du parti majoritaire, au prix d'un accord de gouvernance partagé.
Le second – mais il aurait quelque chose de surréaliste, de stupéfiant, d'ahurissant – ce serait que les membres FLNKS portent, une troisième fois, Philippe Germain, à la présidence.
Mais pour l'heure, personne ne veut croire sincèrement à ce scénario qui aurait des allures de plaisanterie et que rien ne pourrait justifier d'autant plus que l'intéressé a annoncé, de lui-même, son souhait de prendre du recul à l'égard de la vie politique. Son élection comme membre du gouvernement est déjà – en soi – une anomalie qui interpelle.

On a donc fait le tour de la question et il est temps sans doute de signer la fin de la partie et d'élire enfin le président du gouvernement.

Et on ne voit pas ce que Calédonie ensemble gagnerait à trop tarder parce qu'aucun des arguments qu'il avance, pour refuser de voter pour Thierry Santa, ne convainc vraiment, ceux qui ont un minimum de mémoire politique.
Mettre en avant 2009 et 2014, c'est vouloir faire oublier 2004, quand – minoritaire en voix sur l'ensemble du territoire – le parti de celui que l'on appelait alors "le leader Maximo" avait tout pris. La province, le Congrès, le gouvernement, sans rien partager et en pratiquant une véritable chasse aux sorcières dans tous les services de la Calédonie. Ça fait 15 ans, mais certains s'en souviennent encore.
Et si, en 2009, le Rassemblement avait partagé sa victoire avec l'Avenir ensemble et Calédonie ensemble, en 2014, Calédonie ensemble vainqueur aux provinciales, avait fait chuter le gouvernement Ligeard, six mois seulement après sa mise en place.
Difficile dans ces conditions de se poser en donneur de leçons et encore plus, en victime.

Quand on a connu Philippe Gomès en El Magnifico, du temps de sa splendeur, on a de la peine à le prendre au sérieux déguisé en Caliméro.

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