Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

21 octobre 2019 à 09:27

La différenciation provinciale a, surtout, pour objectif de sortir de la mécanique infernale des trois référendums.

La différenciation provinciale. C'est la nouvelle expression qui vient enrichir le vocabulaire calédonien dans la recherche d'une solution pour sortir de l'Accord de Nouméa.
La différenciation provinciale – que propose Pierre Frogier – c'est un dérivé du concept de différenciation territoriale, qui figure au menu de la prochaine révision constitutionnelle. C'est une démarche basée sur le pragmatisme et sur la nécessité de traiter différemment les collectivités et les territoires en fonction de leurs besoins.
Mais ne nous égarons pas !

En Calédonie, la différenciation provinciale a, surtout, pour objectif de sortir de la mécanique infernale dans laquelle nous enferment les trois référendums.
Parce que ces référendums n'apportent aucune solution d'avenir et, pire, ils sont porteurs d'affrontements, sans fin, entre des convictions antagonistes et des visions irréconciliables.
C'est la démonstration qu'a faite le sénateur devant le 19ème comité des signataires.

Et pour lui, les résultats du référendum du 4 novembre sont à ce titre édifiants !
Ils démontrent que, depuis 30 ans, malgré les innovations institutionnelles, malgré les énormes efforts de rééquilibrage, malgré toutes les initiatives économiques, culturelles, sociales… le positionnement politique des indépendantistes n'a pas évolué.
Et on se retrouve, aujourd'hui, à la case départ avec deux Calédonie, l'une qui veut rester dans la France et l'autre qui veut l'indépendance.

Alors, certes, les partisans du maintien dans la France sont majoritaires !
Ils ont gagné le premier référendum et ils gagneront les deux suivants mais jamais, la minorité indépendantiste n'acceptera ces résultats.
Ses leaders répètent, à l'envi, que la seule issue prévue par l’accord de Nouméa est la pleine souveraineté et qu'en cas d'échec au 3ème référendum, ils négocieront directement avec l’État.
Et ils n'ont d'ailleurs aucun intérêt à faire la moindre concession, relève Pierre Frogier, parce que les dés sont pipés. Pour l'Etat, le seul combat légitime, c'est celui des indépendantistes.

On peut donc multiplier les référendums, en faire un, puis deux, puis trois, les convictions profondes de chacun des deux camps ne changeront pas.
Les indépendantistes sont et resteront farouchement indépendantistes, et les loyalistes sont et resteront indéfectiblement attachés au maintien dans la France.
On se retrouve donc dans une impasse. Il n'existe plus de solution globale et il n'y aura plus de nouvel accord.

Mais les résultats du 1er référendum révèlent clairement la ligne de fracture. Les provinces Nord et Iles ont voté massivement pour l'indépendance et la province Sud a voté tout aussi massivement pour le maintien dans la France.
Et si la solution était là ? Et s'il fallait laisser chacune des provinces suivre son propre chemin ? D'autant plus que les provinces sont une création de l'accord de Matignon et des compromis qui ont prévalu à l'époque.

Pierre Frogier propose donc de redonner toute leur place aux Province – jusqu'à les laisser libre de choisir leurs relations avec l’Etat – mais tout en en préservant les acquis du vivre ensemble, parce que la Calédonie est une et indivisible. C'est ça la différenciation provinciale.
C'est, pour le sénateur, la seule solution pour éviter de se retrouver, de nouveau, face à face dans un affrontement mortifère.
C'est une façon aussi de mettre les indépendantistes devant leurs responsabilités.
C'est enfin un moyen de sortir de l'engrenage des trois référendums.

Et ce ne sont pas les britanniques, qui se débattent dans les méandres de la mise en œuvre du Brexit, qui nous convaincront de la pertinence d'une consultation référendaire.

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