Radio Rythme Bleu

LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ECOULEE

18 février 2019 à 10:25

Le choc de deux mondes ! En métropole et peut-être, aussi, en Nouvelle-Calédonie.

Le choc de deux mondes !  
En métropole et peut-être, aussi, en Nouvelle-Calédonie.

Un choc illustré cette semaine, à Bordeaux, lors de l'annonce par Alain Juppé de sa décision de démissionner de la mairie pour aller siéger au Conseil Constitutionnel. Quoi que l'on pense, par ailleurs, de l'ancien Premier ministre – dont on se souvient combien il a été vilipendé quand il était à Matignon – quoi qu'on puisse dire des conditions très politiques de sa nomination et même de la mise en scène de ses adieux, personne – sans doute – n'est resté insensible à l'émotion exprimée par celui qui avouait que cette décision de quitter la vie politique était pour lui, un déchirement et un crève-cœur.
Mais au-delà de ses larmes, ce que l'on retient, c'est le terrible réquisitoire de la vie publique dressé par Alain Juppé, qui a pourtant passé quatre décennies dans les arcanes du pouvoir et qui en a connu tous les aspects. Un homme politique de l'ancien monde, certes, mais qui s'était pourtant, en partie, laissé séduire par le nouveau.

Mais à l'entendre, les choses ont changé. Il y a un avant et un après et aujourd'hui, il ne s'y retrouve plus. "La vie politique est comme toujours un combat a-t-il reconnu, mais aujourd'hui, l'envie me quitte tant le contexte change."

Et c'est ce nouveau contexte que dénonce l'ancien maire de Bordeaux avec cette formule : "L'esprit public est devenu délétère."

Au-delà de la fatigue du vieux politique qui a tout vu et tout vécu, on sent un vrai désarroi face à ce nouveau monde qu'il ne supporte plus et dont il énumère les caractéristiques : "la montée de la violence sous toutes ses formes, verbales et physiques, le discrédit des hommes et des femmes politiques réputés "tous pourris", la stigmatisation des élites dont tout pays a pourtant besoin. Dans ce climat général infecté par les mensonges et les haines que véhiculent les réseaux sociaux, l'esprit public, la vie publique sont difficiles à vivre et lourdes à porter" déplore Alain Juppé qui ajoute qu'"aujourd’hui, aucune fonction n’inspire plus le respect à nos concitoyens. Il faut agresser, il faut insulter, systématiquement"

Un contexte lourd qui renvoie, en partie, aux manifestations des Gilets jaunes qui ont durement touché Bordeaux mais Alain Juppé ne fait pas de lien entre sa décision et ce phénomène qui dure depuis maintenant trois mois.
Ses propos vont au-delà et stigmatisent un état d'esprit général qui impacte toute la vie politique en métropole… et peut-être aussi en Nouvelle-Calédonie.

Les apôtres du "dégagisme" sont à l'œuvre ici aussi, le populisme imprègne plusieurs programmes et discours politiques et, sous couvert d'un lâche anonymat, les réseaux sociaux ne sont pas moins violents et ne jettent pas moins le discrédit sur les responsables politiques.
Et en écoutant Alain Juppé, on se disait que son testament politique pourrait être prononcé par plusieurs responsables calédoniens qui ont choisi, eux aussi, de jeter l'éponge ou de tourner la page.
Les prochaines élections provinciales devraient, logiquement, être placées sous le signe du renouvellement, du moins partiel, avec l'éloignement progressif de la génération Matignon et Nouméa.
Elle est souvent durement critiquée mais elle a, aussi, apporté à la Calédonie trente ans de paix et de prospérité.

Il nous reste donc à espérer que le nouveau monde sache garder le meilleur de l'ancien.

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