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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée du 10 11 25

Elizabeth Nouar
10 novembre 2025 à 00:38
La nouvelle ministre des outremer doit ramener l'UC FLNKS autour de la table, et on a le sentiment que l'histoire bégaie.

Le Conseil Constitutionnel souffle le chaud et le froid en Nouvelle-Calédonie. 
Il avait agacé les partisans de la France en déclarant conforme à la Constitution le gel du corps électoral, parce qu'il est inscrit dans l'accord de Nouméa qui est, lui-même, constitutionnalisé. Mais il avait réjoui le nouveau FLNKS, qui avait vu, dans cette décision, une confirmation de son positionnement même si, dans le même temps, le conseil reconnaissait – dans un exercice d'équilibrisme dont il a le secret – que ce corps électoral gelé va à l'encontre des principes d’égalité et d’universalité du suffrage protégés par la déclaration des droits de l'homme.

Cette fois-ci, en revanche, le Conseil Constitutionnel satisfait tous les groupes politiques qui soutiennent Bougival, en validant le report des élections provinciales, mais il contrarie les indépendantistes radicaux qui l'accusent carrément de contrevenir à ses propres principes parce qu'ils sont, eux, pour le maintien des élections provinciales en cette fin d’année pour s’opposer à la mise en œuvre du calendrier de Bougival.

Encore raté ! Malgré les menaces du nouveau FLNKS, la loi organique a été adoptée et validée et les élections n'auront pas lieu en novembre, même si ce troisième report doit être le dernier, relève le Conseil constitutionnel qui souligne qu'il revêt – comme la prorogation des mandats qui l’accompagne – un caractère exceptionnel et transitoire.

Le report de la visite de Naïma Moutchou aura, lui aussi, été exceptionnel et transitoire. Comme annoncé, la ministre des outremer n'aura repoussé que de quelques jours son déplacement en Nouvelle-Calédonie qui s'annonce comme une mission à haut risque.
Mais l'on a, encore une fois, le sentiment que l'histoire bégaie.

Comme ses prédécesseurs, la nouvelle locataire de la rue Oudinot doit ramener l'UC FLNKS autour de la table, une tâche à laquelle s'étaient déjà attelés – avec plus ou moins de succès – Sébastien Lecornu, Gérald Darmanin ou Manuel Valls.
Ce dernier avait été loué pour y être parvenu. Il s'était vanté d'être le premier depuis longtemps, à réunir tous les interlocuteurs calédoniens mais – au vu de la situation actuelle – sans doute était-ce un succès en trompe l'œil.

Au moins, la nouvelle ministre est-elle prévenue ! Ce n'est pas un exercice facile et d'autres avant elle s'y sont cassé les dents. Elle va vite découvrir qu'il ne suffit pas de déclarer que "rien ne se fera sans le FLNKS" pour que cet engagement, ce souhait, ce vœu, se réalise. 
Parce que personne ne sait ce que veut le nouveau FLNKS et que, sans doute, il ne le sait pas lui-même. Enfermé dans sa posture victimaire, il agit comme s'il était seul en Calédonie, comme s'il était le seul à être légitime, comme s'il était le seul à avoir des revendications. Il se dit ouvert au dialogue mais il affirme que Kanaky ne se négocie pas. Il appelle au consensus mais il ne veut négocier qu'avec l'Etat. Il signe un accord mais il retire sa signature. Une attitude erratique qui décourage même ses partisans les plus solides. Le forum des iles du Pacifique et le Fer de lance mélanésien ne lui apportent plus qu'un soutien du bout des lèvres tandis que le Groupe Initiative Bakou préfère désormais se consacrer au colonialisme belge. 

Naïma Moutchou est prévenue. Elle peut essayer de ramener le nouveau FLNKS autour de la table mais elle n'a plus une obligation de résultat. Les autres groupes politiques en ont assez de ces atermoiements et ils lui demandent d'avancer.
Ils vont aussi lui demander d'avancer dans les engagements économiques de l'Etat parce que, là aussi, le temps presse et que les calédoniens attendent des réponses concrètes. 
Et dans ce domaine, la ministre des outremer a une obligation de résultats.

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