La fréquence aux couleurs de la France

Le cri de colère de Marie-Laure Ukeiwé

Dans une lettre ouverte, elle réagit à la déclaration unitaire proclamée, hier, par le FLNKS.

Par Kélinda Bouacou 25 septembre 2025 à 07:34
Marie Laure Ukeiwé

Marie-Laure Ukeiwé réagit à la déclaration unitaire proclamée, hier, par le FLNKS. "Un FLNKS constitué de certains groupuscules extrémistes", écrit-elle dans une lettre ouverte. Pour elle, cette déclaration unitaire est hors propos et hors sol. "Elle ne reflète en rien la réalité vécue par la majorité des Calédoniens. Elle ne reflète pas davantage les aspirations des familles qui, chaque jour, luttent pour se relever des exactions et des violences de mai 2024". Marie-Laure Ukeiwé, membre des Républicains calédoniens, était notre invitée dans le journal de 17h45

 

                                  Lettre ouverte aux Calédoniens

                                        Le 25 septembre 2025

 

Chères Calédoniennes, Chers Calédoniens,

 

En tant que femme kanak, profondément attachée à notre terre et à son avenir dans la République, je ne peux rester silencieuse face à la déclaration unitaire proclamée ces derniers jours par le FLNKS constitué de certains groupuscules extrémistes.

 

Cette déclaration est hors propos et hors sol. Elle ne reflète en rien la réalité vécue par la majorité des Calédoniens, qu’ils soient kanak, caldoches, wallisiens, tahitiens, vietnamiens ou autres. Elle ne reflète pas davantage les aspirations des familles qui, chaque jour, luttent pour se relever des exactions et violences de mai 2024 – violences orchestrées et soutenues par ces mêmes personnes. Nos enfants, nos anciens, nos travailleurs, tous ont payé le prix fort de cette folie destructrice. Comment oser parler d’indépendance quand notre peuple n’a toujours pas pansé ses plaies ?

 

Je tiens aussi à rappeler avec force que le Sénat coutumier n’est pas un parti politique. C’est une institution calédonienne, reconnue par l’Accord de Nouméa, et son rôle n’est pas d’alimenter des querelles partisanes mais d’être garant des valeurs coutumières qui doivent rassembler, non diviser. Son fonctionnement est financé par l’argent public, c’est-à-dire par les impôts des citoyens calédoniens. Il a donc le devoir d’être à la hauteur de sa mission et de rester en dehors des manœuvres politiques.

 

De la même manière, il est profondément choquant de constater l’implication de l’Église protestante de Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC) dans ce débat politique. La foi doit être source d’espérance et de réconciliation, pas d’exclusion ni de radicalisation. L’engagement religieux n’a pas vocation à faire pression sur la vie politique et à semer la discorde dans les familles et les clans.

 

La coutume comme la religion doivent unir, pas diviser. C’est là notre éducation commune.

 

Aujourd’hui, les Calédoniens attendent autre chose : la sécurité, le travail, l’éducation pour leurs enfants, la justice sociale, et surtout la paix civile. Ils ne veulent plus être pris en otage par des discours extrémistes qui ne mènent qu’à l’impasse et à la violence. Arrêtons les manœuvres de manipulation, nos concitoyens valent beaucoup mieux que cela.

 

J’appelle donc chacun, et en particulier les jeunes, à la vigilance et au discernement. Ne nous laissons pas tromper par des proclamations illégitimes qui ne servent que des ambitions personnelles et vindicatives. Notre avenir ne doit pas être écrit dans la peur et le chaos, mais dans le respect, la démocratie et la responsabilité.

 

Je crois en une Nouvelle-Calédonie qui reste dans la France, une Nouvelle-Calédonie fière de ses racines, apaisée, et ouverte sur le monde. C’est ensemble, dans la loyauté et dans l’unité, que nous pourrons bâtir cet avenir.

 

Avec toute ma conviction, mon engagement et ma détermination.

 

Marie-Laure Ukeiwë

 

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