Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

20 septembre 2021 à 00:58

La Calédonie est au cœur de cet indopacifique que se disputent les grandes puissances, mais malheur aux petits, malheur aux isolés !

Un coup dans le dos.
Une décision unilatérale, brutale, imprévisible, presque grossière.
Une attitude insupportable.
C'est un langage fort peu diplomatique qu'utilisent les responsables français pour exprimer leur colère, leur amertume et leur déception après la décision australienne de torpiller le contrat du siècle, conclu en 2016.
Celui de l'achat, à la France, de douze sous-marins d'attaque pour plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Et chacun de dénoncer la confiance trahie, la duplicité et le mensonge, dont se sont rendus coupables à la fois l'Australie, les Etats-Unis et le Royaume Uni qui retrouve pour l'occasion, sa réputation de "perfide Albion", coupable d'un nouveau coup de Trafalgar.
Le ton monte, les ambassadeurs sont rappelés tandis que Canberra et Washington arguent de leur bonne foi et affirment que leur intention n'était pas de contrarier Paris.
C'est la dramaturgie habituelle des crises diplomatiques et la confirmation que, dans les relations entre Etats, les alliés ne sont pas des amis.
L'incroyable paradoxe de l'histoire c'est que l'Australie va se doter de sous-marins à propulsion nucléaire, que la France pouvait lui fournir mais qu'elle a refusé au nom du "nuclear free". Cet accord, qui permet à une puissance moyenne de disposer de réacteurs, crée un précédent, qui fait d'ailleurs craindre une prolifération nucléaire en donnant des idées à d'autres pays comme, par exemple, la Corée du Sud.

Mais au-delà, et en attendant la réponse que la France et l'Europe seront capables d'apporter à cette offense brutale, c'est la démonstration que nous vivons au centre du monde. La Nouvelle-Calédonie est dans la région-clé du 21ème siècle, au cœur de cet indopacifique que se disputent les grandes puissances.
Et l'on sait qu'au sein de ce vaste ensemble, les petits Etats et territoires ne sont que des pions.
C'est ce que rappelait récemment le général Lecointre, aux responsables politiques calédoniens : "Malheur aux petits. Malheur aux isolés".

Le nouveau pacte, signé jeudi, entre les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni, l'AUKUS, a pour objectif de contrer l'expansion de la Chine dans le Pacifique et il illustre la traditionnelle et historique solidarité anglo-saxonne.
Certes, il marginalise la France et l'Europe mais, paradoxalement, la Nouvelle-Calédonie qui, depuis le Brexit, est l'un des seuls représentants de l'Union européenne dans cette région du monde peut sortir gagnante de cette logique de blocs. Elle fait en effet figure de pion important qu'il faudra sauvegarder pour éviter qu'il ne tombe dans le camp honni de la Chine, où certains indépendantistes se disent prêts à l'entrainer.

"Malheur aux petits. Malheur aux isolés". Un axiome qui s'applique aussi, bien sûr, à la crise sanitaire que la Calédonie affronte à son tour, avec l'assurance de la solidarité nationale. Qui – sans la présence de la France – nous fournirait des vaccins, des tests, une réserve sanitaire et toute l'infrastructure qui l'accompagne ? Qui, sans les FANC, irait faire des tests à Belep ou transporterait les malades des iles Loyauté ?

Dans ce contexte de crise sanitaire, le 3ème référendum passe clairement au second plan mais la date du 12 décembre se rapproche à grand pas. Faut-il maintenir, reporter voire annuler la 3ème consultation référendaire ? A défaut d'être mise sur la place publique, la question se pose au niveau de l'Etat et dans tous les états-majors politiques.
Mais à moins de trois mois de l'échéance, c'est encore un sujet tabou.

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