Radio Rythme Bleu

La chronique de la semaine écoulée

19 septembre 2022 à 01:28

Il faut aller vite en prenant son temps !

Il est venu. Il a écouté. Et il a renoué les fils du dialogue.
C'était aussi simple que ça et on se demande pourquoi nous n'y avions pas pensé plus tôt !
Il suffisait qu'un ministre viennent passer quelques jours sur le territoire et c'est réglé.
Certes, le fait que ce ministre ait l'oreille des indépendantistes a sûrement aidé mais on se demande tout de même ce qu'il leur a dit pour les convaincre de venir à Paris et d'ouvrir les discussions.
Et il faut noter aussi que, si Jean-François Carenco a affirmé que l'ensemble des partenaires ont accepté *"de se rendre ensemble à Paris"**, les indépendantistes n'ont pas confirmé leur accord.
Admettons qu'ils aient effectivement accepté.
Apparemment, ça s'est joué sur des mots. Les indépendantistes voulaient des bilatérales. Ils en faisaient une sorte de préalable et ils les ont même si – on l'a dit mille fois – ces bilatérales ont toujours existé et même si les loyalistes auront aussi, leurs bilatérales. Et après ? Il y aura des trilatérales ! Pourquoi pas ? Avant, on parlait de réunion entre les trois partenaires : loyalistes, indépendantistes et Etat. Maintenant on dit "trilatérale". Ça veut dire exactement la même chose.
Autre expression nouvelle, issue de la visite de Jean-François Carenco, le comité des partenaires qui vient remplacer notre bon vieux comité des signataires.
Là non plus, ce n'est pas une révolution. Mais ça a l'air de plaire à tout le monde d'autant plus que ça rejoint la conclusion de l'Accord de Nouméa selon laquelle, après trois non à l'indépendance, "les partenaires se réuniront pour examiner la situation ainsi créée".
Qu'importe si les partenaires politiques faisaient déjà partie du comité des signataires et qu'importe si les signataires feront encore partie du comité des partenaires. Ce changement cosmétique semble faire l'unanimité.
Pour le reste, on ne peut pas dire que l'on ait beaucoup avancé même si le ministre a clairement validé le résultat des trois référendums en affirmant que "la Nouvelle-Calédonie c'est la France et la France c'est la Nouvelle-Calédonie".
Et pour ménager les indépendantistes, il précise que la construction de l'avenir doit s'inscrire dans le périmètre de la République mais que le droit à l'autodétermination demeure.
L'objectif reste de trouver une solution consensuelle qui soit durable et que personne ne puisse remettre en question. Là non plus, ce n'est pas vraiment nouveau même si cette idée a mis longtemps à faire son chemin.

En fait, l'aspect le plus novateur de cette démarche, c'est le temps.
Et dans ce registre, l'expérience calédonienne de Jean-François Carenco lui a manifestement été utile, lui qui a passé des heures et des heures en entretiens.
"Il faut aller vite mais en prenant son temps" a déclaré le ministre et aussi, "il faut se donner du temps mais pas trop".
Et c'est peut-être ça la méthode Carenco.
Une méthode qui le distingue clairement de son prédécesseur. Sébastien Lecornu fixait des délais. Les six mois utiles après la rencontre de Leprédour. Les 18 mois de transition après le 3ème référendum et – bien sûr – le référendum de projet en juin 2023.
Un calendrier balayé dès le premier soir de la visite du nouveau ministre.
Beaucoup avaient déjà compris que ce référendum, destiné à valider le nouveau statut, devrait être reporté en raison du retard pris par l'ouverture des discussions, mais Jean-François Carenco l'a confirmé d'une façon un peu brutale. Et là encore, c'est une question de temps. Ce référendum, c'est une évidence énonce le ministre mais "on le fera quand on sera prêt".
Il avait déclaré, à son arrivée, qu'il allait "essayer de faire le scribe intelligent". Et il laisse comme message qu'il faut se hâter lentement et laisser du temps au temps.
On va voir si ça marche !

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