La chronique de la semaine écoulée
13 mars 2023 à 00:37
Tout le monde sort perdant du bras de fer sur la réforme du financement du RUAMM
Jeu de dupe sur la réforme du financement du RUAMM. Même si certains affichent leur satisfaction, on a l'impression que tout le monde sort perdant du bras de fer auquel on a assisté ces dernières semaines.
Perdants d'abord, les milliers de calédoniens qui sont descendus dans la rue pour obtenir le retrait de la proposition de loi. Pour prix de leur mobilisation, ils n'obtiennent qu'une évolution concertée du texte incriminé. Et c'est une commission spéciale, présidée par l'auteur de la proposition, qui sera aux commandes.
Perdants, les élus non-indépendantistes qui voulaient que le gouvernement se saisisse du dossier et qui voient le congrès garder la mainmise sur la réforme.
Perdants aussi, les indépendantistes, parce que la mobilisation massive, dans la rue s'est faite contre une proposition qu'ils soutenaient et qu'une partie de leurs électeurs étaient parmi les manifestants. Le FLNKS a voulu nous rejouer la guerre des clases mais il s'est trompé de combat et il s'est déconsidéré en parlant de manipulation et de déstabilisation et en appelant à s'organiser contre les manifestants.
Ce n'est pas pour rien que le président du congrès est monté au créneau, jeudi soir, et qu'il a essayé de limiter les dégâts avant qu'il ne soit trop tard. Roch Wamytan a tenté de sauver les meubles. Il est le seul, peut-être, à tirer son épingle du jeu, même s'il a un peu détourné les règles de ce jeu, en ne négociant qu'avec un petit parti et un collectif fraichement constitué.
Perdant, naturellement, Milakulo Tukumuli qui va souffrir de la personnalisation de cette réforme controversée. Il sait que ce n'est pas avec 3 élus sur 54 au congrès qu'il peut changer la donne et il a besoin impérativement des indépendantistes pour lui sauver la mise, d'autant plus qu'une partie de ses électeurs, aussi, étaient dans la rue.
Perdant forcément, le gouvernement qui a fait preuve de son impuissance. C'est vers lui que se sont tournés les manifestants et les chambres consulaires mais ses portes sont restées closes. Il n'a même pas daigné s'exprimer sur un sujet qui, pourtant, lui revient de droit. Un gouvernement dont le silence est aujourd'hui publiquement mis en cause, dont la faillite est pointée du doigt et dont l'existence-même interroge, à l'heure où l'on réfléchit sur les futures institutions calédoniennes.
A ce titre, l'examen du budget aura valeur de test mais la petite phrase de Gérald Darmanin interpelle quand il regrette – dans une interview au Figaro – "la position du président du gouvernement qui est, à la fois, celui qui demande à l'Etat de l'aider financièrement sans vouloir le rencontrer, tout en appelant à l'indépendance."
On a connu commentaire plus chaleureux et plus engageant alors que le gouvernement a impérativement besoin de l'aide de l'Etat pour boucler son budget.
Perdant enfin, le RUAMM dont la réforme du financement est indispensable et doit impérativement être consensuelle. Il la voit repousser aux calendres grecques puisque l'objectif est désormais d'apporter des réponses au plus tard au 31 décembre et surtout, le sujet est devenu explosif et éminemment conflictuel.
L'autre grand perdant de la semaine – et comment ne pas en parler – c'est la presse calédonienne. Après des mois d'agonie, on annonce la disparition pure et simple des Nouvelles calédoniennes, le seul quotidien de Nouvelle-Calédonie. Mais là non plus, que personne ne soit dupe ! Ce sont tous les médias privés calédoniens qui traversent des difficultés récurrentes, avec un marché publicitaire sinistré depuis plusieurs mois, et des subventions publiques parfois erratiques et évolutives, en fonction du contexte politique.
Nous sommes bien placés pour savoir qu'il est difficile de faire vivre ces indispensables outils de communication qui assurent, aussi, le pluralisme de l'information en Nouvelle-Calédonie.
Et là, il ne faudrait pas que nous soyons tous perdants !