La fréquence aux couleurs de la France
La chronique de la semaine écoulée

La chronique de la semaine écoulée

21 mai 2023 à 15:12
Contrarier les deux camps, c'est peut être une méthode de négociation pour le ministre...

On s'est bousculé en Calédonie ces derniers jours. C'était, incontestablement, le lieu où il fallait être, entre la visite du député européen François-Xavier Bellamy et celle d'une délégation du Rassemblement national qui comptait pas moins qu'un vice-président de l'Assemblée nationale et trois députés européens.
Sans oublier l'ancien ministre Dominique Bussereau et l'ancien présidente du C24 qui étaient là pour participer à l'audit de la décolonisation et au bilan de l'Accord de Nouméa.
Du beau monde donc, pour se pencher, une fois encore, sur notre passé et surtout sur notre avenir alors que, selon François Xavier Bellamy, "les calédoniens sont fatigués, de l'incertitude, fatigués de ces divisions et de ces débats qui les empêchent de se consacrer aux vrais problèmes."
Fatigués, mais il y a au moins une certitude qui se dessine, à l'issue de ces visites, c'est que Les Républicains comme le Rassemblement national semblent prêts à mettre de côté leur opposition à Emmanuel Macron, le temps d'une réforme constitutionnelle qui mettrait un terme au gel du corps électoral. C'est déjà une avancée sensible et ce n'était pas forcément gagné d'avance étant donnée l'aversion que suscite le Chef de l'Etat dans ces deux formations politiques.
La majorité des 3/5ème au Congrès de Versailles semble dès lors plus accessible, même s'il faut attendre, bien sûr, de connaître la révision que le Président de la République présentera au Parlement.
Autre point d'accord entre Les Républicains et le Rassemblement national, le 3ème référendum est indiscutable. Les Calédoniens ont refusé par trois fois l'indépendance et c'est dans la France que doit s'inscrire leur avenir.
Le FLNKS est d'ailleurs de plus en plus isolé dans la contestation de cette 3ème consultation alors que le Forum des Iles du Pacifique a opéré un véritable revirement par la voix de son président qui affirme que "l'organisation ne s'immiscera pas dans le processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie".
Le déni des indépendantistes commence d'ailleurs à agacer sérieusement la communauté internationale et ils n'ont encore trouvé aucun pays qui accepte de porter leur revendication auprès des Nations Unies.
L'ONU devant laquelle s'est exprimé Gérald Darmanin.
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, qui parlait de la Nouvelle-Calédonie a voulu donner des garanties aux Nations Unies en se demandant "comment on pourra déclencher le droit à l'autodétermination à l'échelle d'une ou deux générations."
Pas sûr que ce soit la bonne formule parce que le ministre a ainsi contrarié les deux camps.
Les partisans du maintien dans la France s'impatientent et veulent que soit levée, une bonne fois pour toutes, l'hypothèque de l'indépendance et qu'on ne la fasse pas planer éternellement sur les générations futures. Comme l'a dit François-Xavier Bellamy, "On ne peut pas demander indéfiniment aux gens leur avis jusqu'à ce qu'ils disent ce que vous avez envie d'entendre d'eux !"
Mais les indépendantistes, non plus, n'apprécient pas ce calendrier d'autodétermination. "Ce n'est pas sérieux !" a réagi Roch Wamytan qui rappelle que la Calédonie est française depuis bientôt 170 ans et qu'il n'est pas question d'attendre encore deux générations, c’est-à-dire 50 ans, pour un nouveau référendum.
En fait, les indépendantistes veulent du temps, mais pas trop. Ils reprochent à l'Etat d'aller trop vite dans les discussions mais une à deux générations, pour exercer leur droit à l'autodétermination, ça leur semble trop long.
Contrarier les deux camps, ce peut être une méthode de négociation pour le ministre qui est attendu à son tour la semaine prochaine en Nouvelle-Calédonie, l'endroit où, décidément, il faut être.

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