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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 21 07 25

Elizabeth Nouar
20 juillet 2025 à 22:51
Qui a pu penser, une seconde – connaissant le fonctionnement du FLNKS et la composition du nouveau Front constitué par l'UC-CCAT – que la validation de l'accord serait une simple formalité ?

Alors, c'est un accord ou un projet d'accord qui a été signé à Bougival ? 
En fait, ce sont les deux et la dénomination n'est pas évidente.
Le document, qui circule largement depuis une semaine, s'intitule "Projet d'accord sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie". 
Mais la page, sur laquelle figurent les 19 signatures, indique que "l'ensemble des partenaires s'engage à présenter et à défendre le texte, en l'état, de l'accord sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie."
En quelques pages, le projet d'accord est donc devenu accord et c'est bien sous ce terme qu'il a été salué à l'Elysée et par l'ensemble des signataires. 

Bien sûr que c'est un accord ! Mais, en même temps, c'est un projet d'accord parce qu'il doit encore être finalisé, validé et qu'il faut notamment vérifier la constitutionnalité d'un certain nombre de points. 
Cette ambiguïté permet, naturellement, de jouer sur les mots et le FLNKS, comme on pouvait s'y attendre, ne s'en est pas privé en affirmant avoir signé un projet et non pas un accord définitif. On note toutefois qu'il parle, aussi, dans son communiqué, d'un "accord de principe pour avancer sur la trajectoire vers la souveraineté". 
Un projet d'accord qui est un accord de principe, on s'y perd !

Mais qui a pu penser, une seconde – connaissant le fonctionnement du FLNKS et la composition du nouveau Front constitué par l'UC-CCAT – que la validation de l'accord serait une simple formalité ? 
Qui s'attendait, sérieusement, à ce que sa délégation soit accueillie en héros et congratulée par ses militants ? Qui pensait que le FLNKS allait l'approuver sans tergiverser ?
Il lui faut du temps, des vérifications, des garanties et des assurances pour ses leaders. 

Pour défendre le texte négocié à Bougival, il va maintenant falloir du courage et du volontarisme, de part et d'autre.
Les partisans de la France vont devoir expliquer, à leur base, pourquoi ils ont accepté que la Calédonie devienne un Etat et qu'il y ait une double nationalité. Les indépendantistes, quant à eux, vont devoir faire admettre que l'on n'est pas dans la perspective d'une indépendance pleine et entière mais dans celle d'une très large autonomie. Ils pourront toutefois faire valoir qu'ils ont obtenu le transfert d'une compétence régalienne, celle des relations internationales, et que les autres compétences régaliennes peuvent aussi être transférées dans certaines conditions. Ce n'est pas rien !

C'est le propre d'un accord – ou d'un projet d'accord – ils ne satisfait pleinement personne puisqu'il est le fruit d'un compromis et de concessions. Et celui-ci a éclos à l'heure des réseaux sociaux ce qui complexifie encore sa compréhension.
Il y a eu beaucoup trop de commentaires, d'interprétations, de digressions de la part de beaucoup trop d'experts, de constitutionnalistes, de spécialistes et cela crée une espèce de confusion. Il y a aussi trop de précipitation et un peu d'excès de zèle de la part de ceux qui ont commencé à décliner et à détailler, l'accord de Bougival, comme s'il était gravé dans le marbre !

Mais une chose est sûre, le document a été signé par les 18 membres des délégations politiques calédoniennes et par le ministre des outremers et ils s'engagent ainsi – c'est écrit – à défendre le texte en l'état. C'est la position des partisans de la France et c'est aussi celle du PALIKA. 

Et puis, il en a, au moins un, qui est content, c'est Philippe Gomès ! Il est d'ailleurs assez facile à satisfaire. En avril, il soutenait le projet Valls "d'indépendance-association" en affirmant que le projet du ministre des outremers correspondait complètement aux souhaits de Calédonie ensemble. Et maintenant, il est ravi de l'accord de Bougival qui – à l'entendre – est la parfaite traduction du projet de Calédonie ensemble. 
On pourrait lui faire remarquer que ce n'est pas du tout le même projet et qu'il ne peut pas se revendiquer des deux, mais on ne va pas le faire. Il est tellement heureux d'avoir enfin pu signer quelque chose et puis, ces derniers temps, les bonnes nouvelles sont assez rares pour lui. On sait que le Haut-Commissaire a pris l'arrêté de démission d'office de ses mandats de membre de l'assemblée de la province Sud et du Congrès. Logiquement, il ne devrait plus signer grand-chose avant un certain temps...

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