LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ECOULEE

Chronique du 17 décembre

Que de temps perdu !

Je ne parle pas de cet improbable comité des signataires qui aura seulement permis d'acter les divergences entre indépendantistes et partisans du maintien dans la France. Certes, il est légitime d'interroger sur l'intérêt de faire se déplacer, à Paris, une quarantaine d'élus calédoniens uniquement pour qu'ils expriment leurs désaccords, mais l'Etat tenait tellement à ce rendez-vous ! Il voulait qu'on lui donne acte de la remarquable organisation du scrutin du 4 novembre. 

Cela fut fait, au prix d'ailleurs, d'un silence sur les pressions exercées avant et pendant le référendum, par le FLNKS, et sur l'encadrement des électeurs dans les communes indépendantistes. Ce sont des réalités qui ont pesé sur le résultat de la consultation mais l'Etat est content de lui et personne n'a eu à cœur de gâcher cette autosatisfaction.

Ce 18ème comité des signataires n'aura donc servi à rien. Il a confirmé ce que l'on savait déjà. Trente ans après Matignon, 20 ans après Nouméa, nous sommes retournés à la case départ. Les partenaires d'hier sont redevenus des adversaires. 

Grisés par leur score de 43% au référendum, les indépendantistes ne veulent parler que de l'indépendance et – contre toute évidence – ils veulent croire qu'elle est possible et ils réaffirment qu'elle est inéluctable.

Forts de leur victoire à 57%, les partisans du maintien dans la France veulent inscrire durablement l'avenir de la Calédonie dans la République et ils estiment que l'heure n'est plus aux concessions, qu'il est impératif d'éviter les référendums supplémentaires et qu'il y a urgence à rouvrir le corps électoral. D'autant plus qu'ils considèrent que l'Accord de Nouméa a vécu au terme de ses vingt années d'existence.

Dans ce contexte, la ministre des outremers peut tenter de sauver la face en parlant d'un grand moment de dialogue, mais personne n'est dupe !

Il n'y a plus de dialogue, il n'y a plus de discussion possible. La seule porte de sortie c'est d'envisager la reprise du dialogue après les provinciales de mai 2019. 

Mais là encore, il s'agit d'un vœu pieu. Qui peut dire, aujourd'hui, quelle sera l'ambiance au lendemain d'une campagne provinciale qui, en général, exacerbe les tensions et les divisions, dans les deux camps, et autorise toutes les outrances ?

D'autant plus que, sans modification de la représentation des élus du Congrès, les indépendantistes – minoritaires électoralement – pouraient obtenir la majorité au Congrès.

Et si jamais des discussions s'ouvraient, sur quoi porteraient-elles ? "Sur un nouvel accord si cela était partagé" affirme Annick Girardin. "Sur la nécessité de réinventer la sortie de l'Accord de Nouméa" déclare Philippe Gomès qui plagie, sans vergogne, les déclarations de Pierre Frogier qui, dès 2009, proposait de parfaire l'Accord de Nouméa en recherchant un nouvel accord. 

Mais à l'époque, Gomès trouvait cela absurde parce que c'était Frogier qui le proposait et le leader de Calédonie ensemble a combattu violemment cette hypothèse et l'a rendu impossible. Le problème c'est qu'il est trop tard. Ce qui était envisageable, il y a 9 ans, l'est beaucoup moins après ce référendum qui a remis les compteurs à zéro et qui a balayé trente ans de travail en commun.

Désormais, les indépendantistes ne veulent plus parler de rien. Ils exigent les deuxième et troisième référendums et l'Etat va les leur accorder.

Il faudra donc attendre la fin du cycle de référendums pour éventuellement se mettre autour de la table et examiner la situation ainsi créée. Cela se terminera sans doute par un nouvel accord mais… que de temps perdu !

Bon, que tout cela ne vous empêche pas, chers auditeurs, de passer un excellent Noël et de très bonnes fêtes de fin d'année. 

Et je profite de l'occasion pour vous remercier très sincèrement, pour votre générosité. Votre double générosité qui vous a incités à répondre à nos appels. Pour notre opération du Noël du cœur qui permet que les plus démunis ne soient pas exclus de la joie de Noël. Pour notre campagne de soutien qui témoigne de votre solidarité face à l'injustice qui nous est faire par la Province Sud et Calédonie ensemble.

Vraiment, c'est un plaisir de vous avoir pour auditeurs.