
LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE
La chronique de la semaine écoulée du 17 03 25
Il faut donner du temps au temps.
Manuel Valls aurait-il fait sienne cette antienne que l'on entend trop souvent concernant la Nouvelle-Calédonie ? Toujours est-il qu'après avoir entamé des discussions sur les chapeaux de roue, le ministre des outremers a décidé de reporter de quelques jours son retour sur le territoire.
Et on peut penser que ce n'est pas seulement la nécessité d'absorber le décalage horaire qui l'a poussé à ce différé.
Manuel Valls a pris la mesure des choses et de la difficulté de rapprocher les points de vue ou de trouver des compromis. Il l'a d'ailleurs déclaré ouvertement dans une interview en métropole, "Nous sommes encore loin d'un accord", a-t-il avoué sur BFM en relevant que la situation est tendue en Nouvelle-Calédonie.
Comme on a déjà eu l'occasion de le dire, le document qu'il a posé sur la table avant de quitter Nouméa, début mars, n'est qu'une compilation des positions des uns et des autres mais, en aucun cas, une ébauche de négociations. En fait, tout reste à faire et le report de la visite du ministre d'Etat aura au moins le mérite de permettre à chacun des groupes politiques de faire de la pédagogie auprès de ses militants. Mais ne nous y trompons pas ! Dans les différentes hypothèses énumérés par le document de l'Etat, il n'y a rien de conclusif. "Tant mieux" diront d'ailleurs beaucoup de calédoniens qui ont de la peine à adhérer à plusieurs des concepts mis sur le papier.
"Tant pis", diront les autres, ceux qui veulent un accord, presque à tout prix, tant il y a urgence à trouver une solution de sortie.
Cette nécessité d'aller vite, Manuel Valls lui-même l'a reconnu en déclarant, à Nouméa, "qu'il ne peut y avoir de relèvement économique sans accord politique, mais il ne peut y avoir d’accord politique durable sans relèvement de l’économie."
Tout est lié et si un accord politique est attendu avec impatience, le relèvement de l'économie préoccupe au moins autant. 10 mois après les émeutes de mai 2024, on n'en finit plus de mesurer les impacts des violences insurrectionnelles et ils sont cataclysmiques. Les émeutes – et c'était sans doute leur objectif – ont provoqué un véritable effondrement de toute l'économie calédonienne qui était déjà très fragilisée. Depuis 10 mois, on s'attache à colmater les brèches mais elles sont trop nombreuses alors qu'un salarié sur cinq a perdu tout ou partie de ses revenus. La sauvegarde passe – chacun l'a compris – par des purges drastiques avec des économies à tous les niveaux mais ce n'est guère réjouissant.
Tous les indicateurs sont au rouge et le moral des chefs d'entreprise est au plus bas comme le révèlent les dernières études. Mais on ne peut pas leur en vouloir !
Ils veulent un accord politique et ils réclament d'abord de la visibilité, c’est-à-dire un accord qui couvre plusieurs décennies et qui repousse la perspective d'un nouveau référendum d'autodétermination jugé trop mortifère.
A ce titre, il serait intéressant de se pencher, plus avant, sur la notion de droit inaliénable à l'autodétermination qui est invoqué régulièrement mais que certains jugent galvaudé en considérant que ce droit a pris fin avec le 3ème référendum. Une piste à creuser car elle ouvrirait de nouvelles perspectives.
A défaut d'un accord politique, les élus étaient d'accord, lors du débat d'orientation budgétaire. Preuve que la réalité économique et sociale impose de relativiser les querelles politiciennes. Ils sont tous d'accord, aussi, pour réclamer un soutien massif, et sans faille de l'Etat.
Et c'est aussi un élément du débat. Comme Emmanuel Macron l'avait déclaré inélégamment aux mahorais – et je cite – "Si ce n'était pas la France, nous serions 10.000 fois plus dans la merde !"