Le début du procès des emplois fictifs
C'est un procès à haut risque pour Calédonie ensemble qui s'est ouvert ce lundi devant le tribunal correctionnel de Nouméa.

Le procès qui s'est ouvert ce lundi porte sur des soupçons d'emplois fictifs dont se serait rendu coupable Philippe Gomès et l’état-major de son parti.
Ils sont cinq à comparaitre, depuis ce lundi matin sous l'accusation d'avoir employé des coutumiers wallisiens et futuniens à des fins électorales entre 2014 et 2018. Philippe Gomes, Philippe Michel, Martine Lagneau, Sutita Sio-Lagadec et Silipeleto Muliakaaka sont poursuivis pour détournement de fond public, pour emploi fictif.
Selon les termes de l’ordonnance de renvoi, la justice leur reproche "un vaste système d’emplois fictifs liés à la communauté wallisienne et futunienne au profit du parti Calédonie ensemble".
En clair, Philippe Gomès est soupçonné d’avoir organisé un vaste système frauduleux d’emplois fictifs, dans la communauté wallisienne et futunienne, à des fins électorales.
Ce procès se tient près de 7 ans après les faits incriminés. Il était initialement prévu en décembre 2023 mais il a été reporté à deux reprises. Une première fois pour vice de procédure et une deuxième fois pour des raisons d’organisation.
Ce lundi, les débats ont débuté par le rappel des faits. 46 chefs coutumiers, présentés comme collaborateurs wallisiens et futuniens, étaient rémunérés par la province Sud et le congrès, entre 2014 et 2018, pour des fonctions jamais ou très peu exercées. "Leur travail apparaissait orienté vers la prospection de voix au sein de leur communauté et au bénéfice direct du parti", écrivent les deux juges d’instruction dans leur ordonnance de renvoi.
L'enquête a été menée pendant près de 4 ans, et il ressort, de la lecture ce matin des procès-verbaux des auditions d’une vingtaine de collaborateurs, que ces emplois avaient pour objectif de préparer les provinciales de 2019
Dans l'après-midi, ce sont les deux premiers prévenus poursuivis pour complicité, Sutita Sio-Lagadec, ancienne élue de la province Sud et du Congrès et de Silipeleto MULIAKAAKA, qui étaient entendus par la Cour.
Les sanctions encourues sont de dix ans de prison et 120 millions de francs d’amende, mais en cas de détournement de fonds publics, les élus risquent une peine complémentaire d’inéligibilité, qui pourrait, de surcroit être automatique. Ce qui donne une portée très politique à ce procès.
Philippe Gomès, qui a toujours démenti les accusations d'emplois fictifs, en parlant de bidouille politico-judiciaire, s'est adjoint les services de deux ténors du barreau parisien, Me Jean-Yves Leborgne et Me Pierre Cornu-Gentille.
L'association Anticor et la province Sud se sont portées partie civile.
Le procès est prévu pour durer cinq jours, jusqu'à vendredi, mais le tribunal ne devrait pas rendre son jugement avant plusieurs semaines.