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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 01 09 25

Elizabeth Nouar
31 août 2025 à 22:57
Le calendrier calédonien est évidemment tributaire de la situation politique nationale. 

"Le calendrier calédonien est tributaire de la situation politique nationale". 
Manuel Valls a été contraint de le reconnaitre, lui qui avait quitté le territoire, quelques jours plus tôt, en affichant la plus grande sérénité. A Nouméa, il affirmait qu'en cas de chute du gouvernement, "l’État devra, quoi qu’il arrive, assurer la continuité des échanges et du cap tracé" et il ajoutait que la chute du gouvernement pourrait entraîner "un décalage de quelques jours ou de quelques semaines", mais sans remettre en cause le processus engagé.
Un bel optimisme qui se heurte désormais au principe de réalité. 

On se souvient comment la dissolution intempestive de juin 2024 était venue percuter une Calédonie encore sonnée par les émeutes, et comment la chute du gouvernement Barnier, en décembre de la même année, avait plombé l'octroi du prêt dont le territoire avait impérieusement besoin. 
Il est à prévoir que – malgré l'optimisme et le volontarisme affichés par les uns et les autres – l'instabilité politique nationale aura, forcément, une fois encore, des répercussions sur la situation déjà tendue de la Nouvelle-Calédonie.

Dans le meilleur des cas, la loi organique sur le report des élections provinciales à juin 2026 pourra être adoptée, mais on peut légitimement s'interroger sur le maintien du calendrier, aussi contraint qu'ambitieux, d'adoption de la loi constitutionnelle qui met véritablement en œuvre l'accord de Bougival et qui permet, notamment, la consultation des populations calédoniennes.
Si la chute du gouvernement Bayrou est effective, comme cela semble inéluctable, il faudra nommer un nouveau Premier ministre et un gouvernement, avant de relancer la machine. Le climat politique permettra-t-il une réunion du Congrès de Versailles en décembre comme le souhaite le ministre des outremer ? C'est un véritable pari. D'autant plus que la loi constitutionnelle devra, auparavant, être adoptée par le Sénat, où une majorité semble acquise, mais aussi par l'Assemblée nationale, où le débat s'annonce beaucoup plus vif avec l'opposition prévisible de LFI, en soutien au nouveau FLNKS, et celle, possible, du Rassemblement national qui, pour le moment, ne semble pas convaincu par Bougival. Dans ce contexte, une majorité des 3/5ème est-elle possible au Congrès de Versailles ? La question se pose d'ores et déjà.

La situation politique nationale risque donc bien d'influencer la situation calédonienne et c'est sans imaginer le scénario du pire, celui d'une dissolution de l'Assemblée nationale qui, pour le coup, rebattrait complètement les cartes et nous contraindrait à des législatives anticipées. Comme le déclarait Manuel Valls, il y a quelques jours, "on entrerait là dans une autre dimension." 

Le ministre des outremer invoque d'ailleurs cette instabilité nationale pour plaider en faveur de la mise en œuvre de Bougival parce que sinon, dit-il, "on risquerait de se retrouver dans un vide absolu."
Et on aura été frappé par la similarité du vocabulaire utilisé pour parler des situations nationale ou calédonienne. C'est le même ton et la même rhétorique. En métropole aussi, le Premier ministre affirme que c'est un accord ou le chaos. En métropole aussi, il déclare qu'il n'y a pas d'alternative à un accord sur le budget et sur la dette. Après nous avoir fait la leçon, pendant des mois, sur la nécessité de trouver un accord, les plus hautes autorités de l'Etat s'aperçoivent que ce n'est pas si simple et se retrouvent confrontés au même cas de figure que nous. Comment concilier l'inconciliable et trouver une solution à des aspirations contraires ? 
Le paradoxe c'est que, maintenant que les calédoniens semblent avoir trouvé un accord, c'est la situation nationale qui pourrait gripper sa mise en œuvre. 
Comme s'il y avait une malédiction qui nous empêchait, 27 ans après, de sortir une bonne fois pour toute, de l'Accord de Nouméa. 

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