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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 03 11 25

Elizabeth Nouar
2 novembre 2025 à 23:35
Peut-être était-il trop tôt pour infliger à Naïma Moutchou, les caprices et les oukases des indépendantistes radicaux...

La ministre des outremer nous a posé un lapin. On ne s'y attendait pas. 
Tout était prêt, pourtant, pour l'accueillir dans les règles de l'art avec un programme immuable qui enchainait dépôt de gerbe, visite au sénat coutumier, entretiens protocolaires et déplacements dans les trois provinces.  
Un programme ordinaire pour une période qui ne l'est pas et, finalement, Naïma Moutchou a dû y renoncer. Quelques heures avant qu'elle ne prenne l'avion, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, lui a intimé de défaire ses valises et de rester à Paris en raison "des échéances budgétaires majeures auxquelles fait face le pays".
Le ministère des outremer précise que ce décalage lui permettra "de contribuer, aux côtés des parlementaires, à la finalisation d'une trajectoire budgétaire exigeante et équilibrée pour les outre-mer".
C'est, notamment, la question du dispositif de la défiscalisation outremer qui est sur la sellette et, dans le contexte tendu de l'élaboration du budget, ce n'était pas le moment que la ministre soit absente de Paris. 

Mais ce n'est que partie remise ! Le Premier ministre a demandé à Naïma Moutchou de reporter, de seulement quelques jours, son déplacement en Nouvelle-Calédonie.
On peut penser que ces quelques jours ne seront pas de trop pour approfondir le dossier calédonien dont elle a hérité il y a seulement quelques semaines. Et assurément, ce n'est pas un cadeau tant le dossier calédonien se complexifie un peu plus chaque jour.

Alors certes, le report des élections provinciales, au plus tard au 28 juin 2026, est considéré comme une étape essentielle. Mais elle a été franchie de haute lutte, avec un passage en commission mixte paritaire rendu indispensable pour contourner l'obstruction de LFI. Et, au terme de ce parcours chaotique, il s'en est fallu d'une quinzaine de voix pour que la loi organique ne soit pas adoptée.
Mais, entretemps, son intitulé a été modifié. Le report des provinciales est désormais justifié pour "permettre la poursuite de la discussion, en vue d'un accord consensuel sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie".
On ne fait plus allusion à Bougival et, forcément, cela interpelle. 

Même si on comprend que cet accord consensuel, qui doit encore être recherché, c'est forcément un Bougival complété, amélioré, parachevé. Mais on comprend aussi que c'est un gage donné aux socialistes pour voter la loi et au nouveau FLNKS pour le ramener à la table des discussions.

Sauf que, sur ce dernier point, c'est loin d'être gagné ! 
Les indépendantistes radicaux n'en démordent pas. Ils disent non à Bougival et ils veulent repartir d'une feuille blanche. Ou d'une feuille, pré-écrite par leurs soins, et sur laquelle figure une indépendance avant la présidentielle de 2027. Ils savent – comme tout le monde – que c'est impossible mais ils vont continuer leurs gesticulations. 
Et leur manifestation de vendredi se voulait, à l'évidence, une pression avant l'arrivée de la ministre des outremer. Une mobilisation qui a tourné... à la démonstration de faiblesse puisque moins de 200 personnes y ont participé mais on ne sent pas le nouveau FLNKS prêt à se rassoir autour d'une table de discussions. Peut-être était-il trop tôt pour infliger à Naïma Moutchou, les caprices et les oukases des indépendantistes radicaux et cela justifiait, sans doute, un report de sa venue. D'autant plus que la ministre n'a pas encore de réponses, non plus, en ce qui concerne les aides économiques et sociales promises par l'Etat et que, même les signataires de Bougival, commencent à s'impatienter. Là aussi, il est bon de donner du temps au temps. 
Jeudi, devant le Sénat, Naïma Moutchou défendait "un texte qui reporte pour apaiser." 

C'est peut-être aussi le sens du report de son déplacement en Nouvelle-Calédonie. 

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