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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 07 07 25

Elizabeth Nouar
6 juillet 2025 à 21:13
Curieusement, en Nouvelle-Calédonie, on a tendance à prendre pour argent comptant tout ce que disent les indépendantistes...

La Calédonie est anxieuse alors que les discussions entamées jeudi, se poursuivent, à huis clos, dans la charmante commune de Bougival, en région parisienne.
Un huis clos un peu stressant parce que, si tout le monde comprend que les négociations sur l'avenir doivent être entourées de la plus grande confidentialité, chacun aimerait, aussi, à l'heure des réseaux sociaux et de l'information en continue, avoir quelques éléments sur ce qui se dit dans les salons feutrés de l'hôtel 5 étoiles.

Eh bien nous ne saurons rien !  Ou si peu ! Et c'est sûrement mieux comme ça, tant le moindre élément, la moindre parole est susceptible d'interprétations et de conjectures contradictoires. 

Prenez l'exemple du discours du Président de la République, en ouverture de ce sommet consacré à l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. 
A peine l'avait-il prononcé que plusieurs hypothèses circulaient, et que certains s'esbaudissaient parce qu'Emmanuel Macron avait prononcé les mots d'Etat associé. Aussitôt le journal Le Monde – dont le soutien aux indépendantistes n'est plus à démontrer en faisait sa une – et comme toujours, plusieurs médias lui emboitaient le pas. 
Mais c'était une fake news et une source proche de l'Elysée – que la déontologie nous interdit de citer – a tenu à préciser que ce n'est pas du tout ce que le Président de la République avait dit. De sources concordantes, aussi bien de l'Elysée que des délégations des partisans de la France, on comprend qu'Emmanuel Macron s'est contenté de poser un cadre et de fixer un cap. Le Chef de l'Etat a tout de même rappelé la légitimité des trois référendums, qui doivent servir de base aux discussions – ce n'est pas rien – et il a proposé une période de transition de 15 à 20 ans, pour reconstruire, pour assainir la situation et pour travailler sur un projet commun. Mais, pour le Président de la République, il n'y a pas de modèle prédéterminé et il a évoqué plusieurs pistes et notamment l'Etat fédéré ou la très large autonomie au sein de la République. 

On relèvera tout de même, au passage, qu'Emmanuel Macron n'a pas envisagé l'hypothèse de la pleine souveraineté qui n'est plus prise en considération par personne. 
On notera aussi que le projet Valls n'est pas le plancher des discussions comme l'avait souhaité Sonia Backès, qui conduit la délégation Loyaliste, et même si le FLNKS avait affirmé qu'aucun compromis ne pourra être envisagé "en deçà" du socle de Deva. 
On soulignera, enfin, que, même si Emmanuel Tjibaou se posait beaucoup de questions sur la pertinence du format de ce sommet, le FLNKS est autour de la table et qu'il participe aux discussions. Il se dit même prêt à un accord même s'il tient à préciser – pour la forme – qu'il ne le signera pas tant qu'il n'aura pas consulté ses structures. Cela n'a rien d'inhabituel. C'est le cheminement traditionnel de la coalition indépendantiste. Et on peut rappeler qu'en 1988, Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou avaient dû faire valider, par leurs partis respectifs – et avec des difficultés de part et d'autre – l'accord qu'ils avaient signé à Matignon. 

Mais curieusement, en Nouvelle-Calédonie, on a tendance à prendre pour argent comptant tout ce que disent les indépendantistes et à s'affoler dès qu'ils se livrent à leurs rodomontades. On a pourtant l'habitude de leur rhétorique un peu bouffonne et il faudrait arrêter de lui prêter autant d'attention.
D'autant plus que – sans surprise – ce sont surtout les partisans de la France qui ont l'oreille du chef de l'Etat et d'ailleurs, l'autre constat fait par l'Elysée, c'est que clairement, l'indépendance n'est pas viable dans une Calédonie plus dépendante que jamais de la métropole. C'est ce qui est apparu dans le collège économique et sociétal. 

On va attendre ce qui sortira de Bougival mais il se dit que les délégations travaillent désormais sur un accord définitif, la période transitoire proposée par Emmanuel Macron n'ayant pas convaincu les différents groupes politiques. 
Et à propos de ce huis clos angoissant, on ne peut que penser à la citation de Jean-Paul Sartre, qui en est issue et que méditent peut-être les délégations politiques : "L'enfer c'est les autres !"

 

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