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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée du 12 05 25

Elizabeth Nouar
11 mai 2025 à 20:10
Pourquoi Manuel Valls s'est-il lui-même enfermé dans ce cercle vicieux dont un "non accord" était l'issue inéluctable ?

Trois petits tours et puis s'en va ! Il n'y a pas eu d'accord de Deva.
Cette triple séquence de discussions sur l'avenir institutionnel a un terrible goût d'inachevé surtout que Manuel Valls est reparti comme si de rien n'était, sans laisser de feuille de route et avec le seul bilan d'un échec : "Nous devons constater avec franchise qu'aucun accord n'a été conclu" a sobrement déclaré le ministre des outremers. Et il cachait mal sa déception, lui qui avait mis tout son poids dans la balance et était même allé jusqu'à nous menacer du chaos ou de la guerre civile si aucun accord n'était trouvé.

Et l'on se demande comment il s'est lui-même enfermé dans ce cercle vicieux dont un "non accord" était l'issue inéluctable alors que, déjà, un accord était très improbable.
Pourquoi Manuel Valls, qui jouait une partie de son avenir et de sa réputation politiques dans le dossier calédonien, a-t-il choisi délibérément la politique du pire et la fuite en avant ? 
Cela laisse perplexe et l'on est obligé de chercher quelque explication à l'attitude insensé d'un ministre d'Etat qui vient proposer un projet d'indépendance association à des calédoniens qui ont refusé, à trois reprises, l'indépendance.

Et deux motivations viennent à l'esprit. 
La première, c'est qu'il pensait vraiment réussir à obtenir un accord. Il était parti, le mois dernier en affirmant qu'une étape décisive avait été franchie, et il se disait que c'était plié, qu'il suffisait d'enfermer tout le monde dans un hôtel pendant deux ou trois jours, pour arriver à ses fins. Mais n'est pas Michel Rocard qui veut et la stratégie du huis clos, ou du conclave, ne marche pas à tous les coups.
Mais Manuel Valls y croyait parce qu'il a une image erronée du paysage politique calédonien. Une image qui est d'ailleurs largement partagée et relayée par une certaine presse. Pour eux, il y a en Calédonie, des modérés et des radicaux. Les modérés, ce sont l'UNI, Calédonie ensemble et l'Eveil océanien, une sorte de centrisme qui serait prêt à un accord quel qu'il soit et à n'importe quel prix. Mais c'est déjà une erreur absolue de faire l'amalgame entre ces trois formations.
Quant aux radicaux, ce sont l'UC FLNKS et... Les Loyalistes et Rassemblement. Ils sont renvoyés dos à dos, comme si l'on pouvait traiter de la même façon la CCAT et ses soutiens, qui se sont livrés à des violences insurrectionnelles destructrices et cataclysmiques pour tenter d'imposer une indépendance pleine et entière, et les partisans de la France, qui refusent l'indépendance parce que c'est le choix fait par la majorité des calédoniens. Mais pour Manuel Valls, une partie de la gauche et une certaine presse, c'est la même chose. Ils sont estampillés radicaux. C'est peut-être, sur ce postulat erroné, que le ministre des outremers comptait bâtir un accord. Tout n'aurait pas été joué pour autant mais, au moins, Manuel Valls aurait pu sauver la face en expliquant que ce sont les partisans de la France, radicalisés, qui avaient fait obstacle à son projet.

L'autre motivation est moins machiavélique mais plus triviale. Manuel Valls a peur. Il a peur de la CCAT et de ses violences. Il est tétanisé. Pendant ces trois jours de conclave, l'œil de Bakou était dans la place au sein même de la délégation FLNKS et on ne sait pas quel message lui a été passé mais le 13 mai est pour lui un horizon indépassable. "Il y a le résultat des trois référendums, dit-il, mais il y a le 13 mai". "Il faut ouvrir le corps électoral reconnaît-il, mais il y a le 13 mai"
Comme si, pour un ministre d'Etat, ancien Premier ministre, la violence pouvait l'emporter, en légitimité, sur la démocratie et l'intégrité de l'Etat. 

Mais il se dit que le retour en métropole de Manuel Valls ne sera pas des plus simples parce que sa proposition insensée n'aurait pas été validée au plus haut sommet de l'Etat.
Rien ne dit que Manuel Valls reviendra en Nouvelle-Calédonie une 4ème fois.

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