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LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 13 10 25

Elizabeth Nouar
12 octobre 2025 à 22:26
L'adoption de la loi organique de report des provinciales est une véritable course contre la montre sur un parcours semé d'obstacles.

Passera ou passera pas ?
La Calédonie retient son souffle depuis plusieurs semaines déjà. 
Depuis que la crise politique nationale vient – encore un peu plus – brouiller les cartes et qu'elle fait planer une menace – comme si ce n'était pas déjà assez compliqué – sur la mise en œuvre de l'accord de Bougival.
L'accord signé le 12 juillet doit, en effet, se traduire par l'adoption de plusieurs textes législatifs et d'abord, par la fameuse proposition de loi organique qui reporte à juin 2026 les élections provinciales.

Mais, depuis la chute du gouvernement Bayrou, c'est l'ascenseur émotionnel...
Alors, ça peut paraitre un peu égoïste de regarder, au travers du seul prisme calédonien, la crise de régime inédite que traverse notre pays mais ce n'est pas de notre faute – non plus – si l'avenir de la Nouvelle-Calédonie a été érigée en priorité nationale, à égalité avec le budget de l'Etat, par le Premier ministre Sébastien Lecornu, premier ministre démissionnaire, puis missionné par le Président de la République qui a finalement choisi de le renommer parce que c'est – semble-t-il –  l'ultime atout dont il dispose.

Depuis sa première nomination à Matignon, il y a plus de trois semaines, Sébastien Lecornu a cité la Nouvelle-Calédonie dans chacune de ses prises de parole. C'est pour lui, un sujet de préoccupation majeur, à régler dans les plus brefs délais. "À 18 000 km d’ici, nous avons une situation institutionnelle qui ne peut pas attendre" a-t-il martelé sur France 2.
Il faut dire qu'il y a véritablement urgence parce qu'à l'heure actuelle, les élections provinciales sont toujours fixées à la fin novembre et que, si rien n'est fait, nous serons convoqués aux urnes, dans un petit mois et demi, pour désigner les membres des assemblées de province et du congrès, sur la base d'un corps électoral gelé.

A ce titre, la nomination de Sébastien Lecornu avait été accueillie avec soulagement par la majorité de la classe politique calédonienne, qui saluait aussi la continuité aux outremers, avec le maintien de Manuel Valls. La démission du Premier ministre, quelques heures seulement après la présentation de son gouvernement, avait inquiété et découragé, tant le calendrier est serré. Mais – avant même la nouvelle nomination de Sébastien Lecornu à Matignon – le gouvernement démissionnaire a demandé, vendredi, l'inscription en urgence à l'ordre du jour du Sénat, de la proposition de loi qui reporte les élections provinciales. 
On se prend à y croire à nouveau, en se disant que ça va peut-être passer... in extremis. 

Mais il faut rester prudent ! Le texte devrait être adopté, sans problème, par le Sénat, mais les débats risquent d'être plus tendus à l'Assemblée nationale où plusieurs groupes de gauche vont relayer les positions du nouveau FLNKS et s'opposer à ce report. D'autant plus que le député Tjibaou et le sénateur Xowie estiment que "le caractère d’urgence attaché à la situation calédonienne ne saurait en aucun cas justifier un passage en force", expression fétiche du FLNKS !
Et on ne sait pas, non plus, quelle sera l'attitude du Rassemblement national, alors que Marine Le Pen a jugé "ambigu" l'accord de Bougival. 
Mais si la loi est adoptée par les deux assemblées, il faudra encore qu'elle soit promulguée avant le 2 novembre. C'est donc une véritable course contre la montre sur un parcours semé d'obstacles. 

Parce que personne ne sait de quoi demain sera fait et que la Calédonie est aussi concernée par l'autre urgence nationale, le vote du budget de l'Etat qui comprend, notamment les aides versées au territoire. 
Sébastien Lecornu arrivera-t-il à composer un gouvernement pour lequel il aurait – dit-il – carte blanche ? Arrivera-t-il à faire adopter son projet de budget ? 
Parviendra-t-il à échapper à la censure ? 
Et pourra-t-il sauver l'accord de Bougival ?

Autant de missions impossibles pour lesquelles il faut, au moins, un moine-soldat comme aime à se définir Sébastien Lecornu.

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