La fréquence aux couleurs de la France
Logo chronique

LA CHRONIQUE DE LA SEMAINE ÉCOULÉE

La chronique de la semaine écoulée 15 09 25

Elizabeth Nouar
14 septembre 2025 à 23:39
Sébastien Lecornu va-t-il maintenir Manuel Valls aux outremer ?

Ce sera le premier test calédonien pour Sébastien Lecornu, le nouveau Premier ministre, qui est en train de constituer son gouvernement. 
Va-t-il ou non garder Manuel Valls comme ministre des outremers ? 

Sébastien Lecornu qui, pour le coup, connait très bien le dossier calédonien. Il s'en est occupé directement de 2020 à 2022 et il y est revenu, à plusieurs reprises, avec le président de la République, ou comme ministre des Armées.
Pas besoin de lui refaire l'histoire, il la connait ! 

Et les calédoniens aussi le connaissent avec, forcément, des réactions mitigées à sa nomination. Pour faire court, les partisans de la France se réjouissent et les indépendantistes le fustigent.
Le nouveau FLNKS le qualifie même de "ministre des colonies par excellence" mais cela illustre surtout un manque de vocabulaire qui conduit à une utilisation intempestive du terme de colonie. La même semaine, l'UC a qualifié Manuel Valls de "prestidigitateur colonial au service de la macronie".

Sébastien Lecornu a donc laissé un souvenir différencié à la classe politique calédonienne. 
Il faut dire qu'il a une histoire singulière avec le territoire depuis son confinement de trois semaines au haut-commissariat, pour cause de COVID, avant la réunion inédite du groupe Leprédour et jusqu'au maintien de la date du 3ème référendum qui lui vaut, depuis, l'ire des indépendantistes. 
Une date que l'Union calédonienne avait pourtant validé quelques mois plus tôt, en juin, avant de se rétracter et d'en faire un argument politique. 
Mais c'est une habitude. L'UC revient souvent sur sa signature et sur ses engagements. Son retrait de Bougival n'est que le dernier exemple en date. 

L'avantage du nouveau Premier ministre c'est qu'il ne s'en laissera pas compter et – même s'il laisse à son ministre des outremer la gestion du dossier calédonien – on peut penser qu'il gardera un œil attentif et attentionné sur un territoire qui aura apporté, à sa carrière politique, autant de satisfactions que de désillusions.

Ce qu'on attend de lui, aujourd'hui, c'est d'abord qu'il constitue un gouvernement qui puisse durer et ne pas tomber à la moindre motion de censure, de manière à faire adopter un budget, dont dépend, aussi, la survie économique du territoire. C'est ensuite que ce gouvernement soit mis en place assez rapidement pour ne pas retarder le calendrier de Bougival. 

Avec une question lancinante. Va-t-il laisser Manuel Valls rue Oudinot ?

Eh bien curieusement, s'il écoute les responsables politiques calédoniens, ce sera oui. 
On assiste, en effet, à un véritable retournement de situation ! Ils aiment tous Manuel Valls. Ils veulent tous qu'il conserve son portefeuille de ministre des outremers. 
L'UNI va même jusqu'à faire de son maintien rue Oudinot la condition à son engagement dans l'accord de Bougival. 
Voilà qui doit mettre du baume au cœur de l'ancien Premier ministre qui n'avait pas l'habitude de faire l'unanimité et qui a si souvent été conspué et critiqué.

Mais il faut sans doute relativiser cet engouement. Ce que les responsables politiques calédoniens plébiscitent, c'est la stabilité.

Manuel Valls est le 6ème ministre des outremer depuis le début du quinquennat, le 8ème depuis l'élection d'Emmanuel Macron et les calédoniens n'en peuvent plus de ce tourbillon incessant qui oblige à chaque fois, à reraconter, réexpliquer, recontextualiser. 
Deux mois après la signature de Bougival, l'actualité politique souffle le chaud et les froid sur le processus en cours et, régulièrement, on peut redouter que tout s'effondre et qu'il faille tout recommencer, tout reprendre à zéro alors que c'est la première fois, depuis décembre 2021, que la Calédonie a un peu de visibilité.

D'où ce cri du cœur de la plupart des élus calédoniens : "Laissez-nous Manuel Valls, au moins, il connait le dossier !" 

En direct