La chronique de la semaine écoulée 28 07 25

L'UC CCAT va-t-elle faire exploser le camp indépendantiste ?
Le comité directeur, réuni ce samedi à la tribu de Gatope à Voh, laisse craindre une telle issue tant les débats ont été vifs, tant le ton est monté entre les protagonistes. 
D'un côté, les signataires qui ne sont autres que le président de l'UC, Emmanuel Tjibaou, mais aussi Roch Wamytan et Mikaël Forrest. Des personnalités aux histoires très différentes mais dont la légitimité semblait, jusque-là, incontestable au sein de la mouvance indépendantiste et singulièrement au sein de l'UC.
Eh bien, ils se sont fait bousculer et ils ont subi les invectives de délégués, chauffés à blanc, qui leur ont reproché, avec virulence, d'avoir apposé leur signature au bas de l'accord négocié à Bougival. Les négociateurs étaient prévenus. Ils savaient que ce comité directeur était celui de tous les dangers.

Le communiqué signé, dans la semaine, par le secrétaire général Dominique Fochi, au nom de la commission exécutive de l'UC ne laissait guère de doute. Tous les observateurs avaient été surpris par la brutalité des termes utilisés. La commission exécutive faisait le constat que "les fondamentaux du combat du peuple kanak n’apparaissent pas dans le projet d'accord qui présente de très faibles perspectives de sortir du joug colonial et propose des attributs de souveraineté de façade." 
En quelques mots, le sort de l'accord de Bougival était scellé. 

A tel point que l'on a presque été surpris par le ton modéré du communiqué du BP du FLNKS qui, quelques jours plus tard, se contentait d'émettre "un avis très réservé" sur le document signé à Bougival. 
Mais parmi les micro-partis membres du nouveau FLNKS constitué autour de l'UC CCAT, il y a aussi des opposants affichés, comme la DUS qui exprime "son incompréhension et sa désapprobation à l’encontre de l’accord signé à Bougival" ou la Dynamique autochtone à laquelle appartient Omayra Naisseline qui aurait souhaité retirer sa signature du document.

Un ton et des critiques qui contrastent très fortement avec la position du PALIKA qui voit dans le projet d’accord "une avancée politique majeure qui poursuit les grands objectifs d’émancipation et de décolonisation fixés par les accords de Matignon et de Nouméa, en actant la création et l’émergence de l’Etat de Nouvelle-Calédonie". L'UPM de Victor Tutugoro est à l'unisson. Et il y a le cas particulier du RDO, seul membre du nouveau FLNKS, qui semble soutenir l'accord parce qu'il fait confiance à son président qui l'a signé.

Dans ce contexte, la fracture s'accroit encore entre les indépendantistes mais la rupture se fait en fonction de la proximité avec la CCAT. 
Et si le FLNKS en a déjà fait les frais, avec le départ de ses rangs, du PALIKA et de l'UPM, c'est l'Union calédonienne qui est maintenant au pied du mur et qui va devoir faire des choix déchirants. Parce que la cohabitation va devenir impossible entre des responsables de l'UC qui ont pris leurs responsabilités et ont choisi de chercher le consensus en signant l'accord de Bougival, et les radicalisés qui refusent tout compromis et restent dans l'esprit qui a prévalu lors des violences insurrectionnelles. Le plus vieux parti calédonien a déjà connu des divisions mais celle qui s'annonce est véritablement existentielle et les signataires de Bougival se retrouvent face à un choix cornélien.

Dans un tout autre registre, l'actualité calédonienne a aussi été marquée cette semaine par le feuilleton des inéligibilités. On a appris que Philippe Gomès et Philippe Michel vont conserver leurs mandats et que Jacques Lalié va être réintégré dans les siens. C'est à n'y plus rien comprendre. Sauf que l'on découvre que la Calédonie est le seul territoire français ou l'exécution provisoire n'est pas exécutoire. 
On n'est pas une collectivité "sui generis" pour rien !